samedi 28 avril 2007

Jacques Saadé interviewé dans l'Abécédaire

L’ABECEDAIRE, 4 questions à Jacques Saadé, président de CMA CGM



CMA-CGM a installé son siège à Marseille et y a développé un programme immobilier de grande envergure. Pourquoi ce choix de la cité phocéenne ?

Jacques Saadé : "Je le rappelle, l’aventure CMA CGM a démarré à Marseille, en 1978. La ville et son port constituent notre berceau. Près de trente années plus tard, le Groupe est devenu l’un des principaux acteurs mondiaux du transport maritime, fort de plus de 300 navires, 11.500 collaborateurs dans le monde, 4.000 en France et 1.660 sur Marseille.

Le futur siège du Groupe, dont nous venons de poser la première pierre fin mars, abritera fin 2009 l’ensemble des collaborateurs marseillais, aujourd’hui éclatés sur plusieurs sites. L’immeuble s’établira sur 33 niveaux, dominant la rade de Marseille et symbolisant le renouveau de la ville. Cet immeuble, haut de 147 mètres, a été dessiné par l’architecte Zaha Hadid (lauréate du Prix Pritzker 2004)."

Plus globalement, comment percevez-vous le développement économique de Marseille et de sa métropole ?

Jacques Saadé : "Marseille vit, depuis une dizaine d’années, une formidable renaissance, mêlant des énergies entrepreneuriales, culturelles, publiques et associatives. Le programme Euroméditerranée est, sans doute, la plus belle incarnation de cette revitalisation. Des dizaines de projets immobiliers vont désormais sortir de terre, accompagnant autant d’entreprises et d’activités nouvelles, contribuant à replacer Marseille parmi les grandes métropoles multiculturelles, tournées vers la mer et vers le monde. La vocation internationale et maritime de la ville va se trouver réaffirmée.

Je salue, ici, le volontarisme et la détermination dont ont fait preuve les acteurs de vaste projet. Chefs d’entreprise, pouvoirs publics, urbanistes, architectes et bien d’autres encore ont su porter, dans la durée, ce formidable chantier, parfois contre le scepticisme ambiant. Cette histoire n’est pas terminée. Elle doit encore se prolonger, particulièrement vers le Nord de la ville. "

Quel est l’avenir du transport maritime dans le monde et plus particulièrement au niveau européen ?

Jacques Saadé : "La globalisation des échanges a été rendue possible par le transport maritime, vecteur essentiel de la croissance du commerce international. 80 % des échanges mondiaux se font, aujourd’hui, par voie de mer. Rappelons que c’est le mode de transport le moins polluant et le moins consommateur d'énergie. Depuis 1980, son taux de croissance annuel moyen est de 9% en volume. Cette progression régulière devrait se poursuivre en raison de la mondialisation croissante des échanges.

La globalisation pour CMA CGM passe, également, par le développement vertical. Il s’agit de maîtriser toute la chaîne logistique pour transporter la marchandise depuis l’usine jusqu’au client final. Nous sommes en train d’acquérir cette dimension. Cette dynamique s’opère autour de ce qui reste notre métier principal : le transport maritime de conteneurs.

La croissance de notre secteur sera particulièrement marquée sur les provenances d’Asie et sur le marché intra-Asie. De même, de nouveaux pays vont continuer d’affirmer leur progression : l’Inde, le Brésil, le Vietnam…
L’incertitude ne pèse pas tant sur les volumes mais plus sur les taux de fret qui fluctuent selon l’offre de transport. Je ne crains pas l’arrivée des très grands bâtiments (11.000 evp et plus) annoncés pour 2009/10. En effet, j’ai la conviction que la progression de la demande des marchés chinois et indien va absorber cette augmentation de l’offre, particulièrement soutenue par l’intra-Asie.

L’Europe est forte de ses entreprises de transport maritime. En effet, les quatre premiers groupes mondiaux sont européens. Par contre, elle souffre de l’engorgement de ses terminaux, particulièrement préoccupant pour les ports du Nord de l’Europe. A cet égard, le contraste avec les terminaux d’Asie se fait grandissant, tant ces derniers ont anticipé en termes d’infrastructures."

Quelle est la stratégie de CMA CGM pour les années à venir ?

Jacques Saadé : "Notre stratégie se déroule autour de quelques axes majeurs :

- Développer nos services maritimes sur l’ensemble du périmètre mondial du Groupe –particulièrement dans les pays d’avenir- et renforcer notre flotte de navires.
- Poursuivre nos prises de participation dans des terminaux portuaires et notre diversification dans le multimodal (rail, fluvial, routier).
- Continuer d’élargir notre patrimoine immobilier.
- Maintenir notre politique de prises de participation ciblées, à l’instar de l’acquisition du Groupe Delmas menée en janvier 2006 ou encore, plus récemment, de la société taïwanaise Cheng Lie ou de la compagnie marocaine Comanav.
- Construire des services innovants pour nos clients, tels ceux désormais proposés par la société que nous avons mise en place en partenariat avec IBM pour des prestations informatiques toujours plus performantes."

vendredi 27 avril 2007

Jacques Saadé, PDG de la CMA CGM, Marseille

Jacques Saadé PDG de la CMA CGM est sceptique sur l'avenir du PAM



Jacques Saadé est le président de la CMA CGM, troisième armateur mondial, un exemple de croissance dans la mondialisation


Jacques Saadé reprend l'affaire familiale suite au décès de son père. Investisseur avisé, il mise sur le développement du commerce avec la Chine avant tout le monde, et avec succès. Loin de s'arrêter en si bon chemin Jacques Saadé rachète à Bolloré la compagnie Delmas, très bien implantée sur le continent africain. Bien joué car le développement du commerce Afrique-Asie commence à peine. Conscient des réalités du marché, Jacques Saadé ne néglige pas l'informatisation du maritime et négocie un contrat sur-mesure avec IBM, fournissant ainsi des outils de choix à ses clients, sans gréver ses coûts.
Marseille a vu grandir la CMA CGM à l'ombre de la passerelle qui hante le quai d'Arenc sans prendre la mesure de l'enjeu de la présence de la CMA CGM sur Marseille. Il est de coutume à Marseille d'énumérer les grandes sociétés de la zone et de dire, oui bon ben à Marseille pour résumer il y a Gemplus (il sont à Gémenos mais bon), Lustucru, Avenir Telecom, Orangina (ils sont à Aix les Milles) et puis ... ah oui, la CMA, tu sais l'immeuble sur l'autoroute, l'A55, c'est ça ...
Marseille a prospéré il y a bien longtemps sur le développement des échanges internationaux, notamment, et il faut bien le dire, sur la colonisation des territoires d'Afrique du Nord. La décolonisation a causé un tort considérable à Marseille et à son port. Les (bonnes) raisons politiques de cet état de fait sont aujourd'hui incontestables et ont permis le développement, bon gré mal gré, des pays Nord-Africains. La mondialisation rappelle Marseille à sa vocation de port, de hub méditérranéen, de plateforme d'échanges Asie - Afrique du Nord - Europe.
Il y a quelque chose d'extraordinaire dans le développement de la CMA CGM. Le groupe se développe formidablement bien sur l'expansion du commerce mondial, le groupe est à Marseille, et tout se passe comme si Marseille existait indépendament de ce développement alors qu'elle y a une place légitime et majeure à prendre. Il faudrait lister ici les corporatismes et les mesquineries syndicales qui empêchent Marseille de profiter de cette formidable opportunité. Je ne le ferais pas, c'est trop déprimant.
Je profite de ce billet inaugural sur l'économie de Marseille pour rendre un hommage à Jacques Saadé et à tous ceux qui veulent rendre à notre ville la place qu'elle mérite dans le développement inéluctable des échanges internationaux. Je comprends Jacques Saadé quand il met l'accent sur la nécessité d'avoir un port fiable. Jacques Saadé a raison quand il insiste sur la nécessité pour Marseille de disposer d'infrastructures à la hauteur de la compétition mondiale. On ne me fera pas croire que Marseille est condamnée à devenir une déviation sur les routes du commerce mondial comme l'a dit, avec une forme de dépit Jacques Saadé dans Le Monde
Jacques Saadé a raison, le port doit vivre et se réformer, et Marseille aura un avenir.
Maurice Kowacs

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